A la fin de l’année 2020, l’annonce des contours de la nouvelle Réglementation Environnementale par le Ministère de l’Ecologie a surpris et bousculé une partie du secteur d’activité du bâtiment. En effet, le choix de la méthode de l’ACV Dynamique plutôt que la méthodologie Statique utilisée dans le cadre de l’expérimentation E+C- pour calculer les impacts environnementaux des constructions a été accueillie avec froideur par un certain nombre d’acteurs.
Beaucoup ont alors formulé la crainte que le calcul dynamique ne favorise trop la performance environnementale de produits biosourcés au détriment de matériaux plus conventionnels. D’autres ont salué cette orientation permettant de davantage valoriser des choix ambitieux, au service de démarches HQE, d’écoconception et de construction durable.
Près d’un an après la mise en application de la nouvelle réglementation, faisons le point : qu’est-ce qui caractérise un calcul d’analyse de cycle de vie Dynamique et un calcul Statique ?
L’expérimentation E+C-lancée en 2017 a eu pour nature même de préparer le secteur d’activité du bâtiment à la future RE 2020. L’idée de base reste inchangée : évaluer l’impact environnemental et l’impact carbone d’un projet de construction, selon la méthodologie de l’analyse du cycle de vie.
Dans le cas de l’ACV Dynamique, comme du Statique, il s’agit de calculer les impacts environnementaux d’un bâtiment sur différentes phases : extraction des matières premières, production et acheminement des matériaux, jusqu'à sa déconstruction ou son démantèlement, en passant son exploitation et la gestion des déchets. Pour cela, on s’appuie sur les données environnementales disponibles dans la base de données publique INIES qu'elles soit issues des FDES, des PEP ou que ce soient des DED.
L’un des objectifs de l’expérimentation E+C- étant de récolter des enseignements pour établir la future réglementation, cette première phase a permis d’établir deux pistes d’améliorations pour la RE 2020 :
Concrètement dans le cadre de la RE2020, on procède à un calcul dynamique simplifié car on utilise les données environnementales statiques déjà disponibles sur la base de données de référence INIES auxquelles on applique à chaque année un coefficient de pondération tel que montré sur la figure ci-dessous. Si bien qu’en fin de vie, l’impact dynamique d’un composant est significativement plus faible que l’impact en début de vie du bâtiment dans le cas général.
Les ordres de grandeurs connus actuellement avec l'expérimentation E+C- (méthode statique) vont donc changer puisqu’il peut y avoir des différences importantes entre un résultat statique et dynamique. Il faudra s’approprier la méthode et s’enrichir des retours d’expériences pour développer de nouveaux réflexes en conception.
L'utilisation de cette méthode dynamique accentue les impacts en phases de production et d’édification par rapport à la fin de vie. L'ACV dynamique encourage donc indirectement à utiliser plutôt des matériaux stockant temporairement du carbone.
Pour le modélisateur, la saisie sur un logiciel d’ACV reste identique à la méthode statique, ce sont les logiciels qui calculent les impacts dynamiques à partir des fiches actuelles statiques de la base INIES. S'il souhaite faire un calcul rapide d’impact à la main, il sera plus complexe qu'avec la méthode statique.
Pas du tout ! La méthode statique reste le socle méthodologique sur lequel s’appuie le calcul de l’Analyse du Cycle de Vie d’un produit de construction. A ce procédé de référence, l’on applique simplement une pondération dynamique sur la prise en compte de l’impact sur le réchauffement climatique. Ainsi, l’ACV Dynamique a pour objectif de mieux prendre en compte la notion d’urgence climatique ainsi que les scénarios de fin de vie.
Au final, l’ACV Dynamique constitue une opportunité pour valoriser des projets plus ambitieux du point de vue écologique, pour concevoir des matériaux moins polluants, plus vertueux, et pour encourager de nouvelles filières de produits de construction !
Pour comprendre en détail le calcul d'impact avec la méthode dynamique, c'est par ici